À la défense des droits des jeunes en charge à Winnipeg

24 octobre, 2017

Il est inspirant d’apprendre qu’une jeune fille de Winnipeg, terrifiée à l’idée de s’impliquer dans un club de l’école qui l’intéressait, est devenue une défenseuse des enfants réputée qui parle aux jeunes en charge de leurs droits d’être entendu-e-s. Il s’agit de Marie Christian, et plus vous en apprendrez sur son histoire, plus vous la trouverez incroyable.

La base du succès de Marie est son amour pour les enfants et son envie de les aider à devenir de jeunes personnes fortes et responsabilisées. C’est aussi simple que cela. Cette passion et son espoir de faire quelque chose d’utile dans le monde l’ont amenée à travailler pour Right Way en 2001 dans le cadre d’un projet conjoint de Save the Children Canada et du Bureau de défense des enfants où elle aidait les jeunes à comprendre leurs droits humains. « Cette offre m’a permis de sortir de ma coquille. Elle m’a aidée à passer par-dessus ma timidité en public. Tu ne peux pas animer un atelier si tu es incapable de regarder les gens ! » Depuis ces premiers jours, Marie a obtenu son baccalauréat et travaille présentement à obtenir son baccalauréat en travail social et parle régulièrement en public.

Dans son rôle de directrice de programme à Voices: Manitoba’s Youth in Care Network et coordonnatrice locale des programmes Equitas à Winnipeg, Marie, maintenant âgée de 36 ans, a toujours une détermination inébranlable de s’assurer que les jeunes soient reconnu-e-s et impliqué-e-s dans les décisions qui les touchent.

« Tous les jeunes qui ne connaissent pas leurs droits et comment s’exprimer par eux-mêmes sont des jeunes en danger. » Voilà sa priorité.

Pour atteindre ses objectifs, Marie bénéficie des programmes Equitas, tels que On ne joue pas avec les droits ! et Parlons droits, en plus d’initiatives locales. De nombreux ateliers sur les droits humains sont offerts, dont un basé sur la version facile à comprendre de la Convention des droits des enfants de l’ONU. Les animatrices et animateurs enseignent aux jeunes pris en charge quatre droits de base, soit le droit d’être en santé, le droit d’être en sécurité, le droit d’être entendu-e-s et le droit d’être soi-même.

Marie gère également les programmes conçus pour répondre aux besoins émergents, tels que le programme inspiré par une étudiante boursière Voices. Lorsqu’elle était en charge, l’étudiante a reçu de la médication pour la calmer alors qu’elle avait besoin de participer à des activités physiques. Des années plus tard, une idée en tête, la jeune femme est revenue à Voices. Elle a amassé des fonds et a élaboré un nouveau programme permettant aux jeunes d’être actifs-ves physiquement plutôt que sous médication. Marie comprend clairement que personne ne connaît une situation aussi bien que la personne qui la vit, et agit en conséquence.

« Lorsqu’un-e jeune arrive avec une idée, nous en discutons et si nous le pouvons, nous la concrétisons. »

Marie a une bonne écoute et une excellente observation. Ce qui ressort de son approche est une conscience aiguë des besoins des jeunes et une adaptation des programmes en conséquence. Elle remarque qu’il y a eu un énorme changement dans les programmes et services de protection de l’enfance au cours des dernières années. Par exemple, récemment, leur publication d’agence était nommée « The Screamer » puisque les jeunes en charge avaient l’impression qu’elles et ils devaient hurler pour se faire entendre. Aujourd’hui, elle remarque que les jeunes connaissent leurs droits et expriment leur voix. Plusieurs agences demandent aux jeunes sous leur charge leurs commentaires.

Les jeunes sont beaucoup plus confident-e-s et nombreuses et nombreux peuvent s’exprimer lorsqu’elles et ils font face à des problématiques avec leur agence ou leurs gardiennes et gardiens. Ainsi, Marie a tourné son attention vers la prise de responsabilité chez les jeunes afin qu’elles et ils utilisent leur voix à leur avantage, en exprimant leur vérité et en se voyant elles et eux-mêmes comme une part entière de la solution. Une de ses façons de l’enseigner se nomme « safe storytelling » (une histoire en sécurité), où les jeunes apprennent à partager leur histoire de façon à apporter du changement, et pas en se mettant en risque ou en traumatisant leur public.

Les réussites de Voices et de Marie sont reconnues par le gouvernement et les institutions publiques. L’histoire d’un jeune homme dissipé reflète ces éléments de succès. Il venait et allait en détention depuis plusieurs années lorsqu’il est venu demander de l’aide à Voices. Il y a été accueilli et écouté et a reçu de l’aide pour définir son objectif de ne plus se retrouver derrière les barreaux. Des années plus tard, nous avons la preuve qu’il a atteint son but. Marie montre l’importance d’aider les jeunes à ne pas se sentir seul-le-s en les invitant à considérer Voices comme une « famille de leur choix ». Elle déclare « Nous sommes ici pour vous aussi longtemps que vous avez besoin de nous et pour tous besoins que vous avez. » Marie est fière du nombre grossissant d’académiques de Voices, en remarquant que l’organisme offre des bourses depuis 2001. Aujourd’hui, les murs des bureaux sont remplis de jeunes qui ont atteint leurs objectifs de devenir avocates et avocats, enseignantes et enseignants, travailleuses et travailleurs sociaux, gens de métiers, entre autres. Elle rêve qu’il y ait des générations de jeunes pris en charge dans des postes d’influence.

La façon dont les agences de protection de l’enfance écoutent maintenant celles et ceux qu’elles servent est encourageant, croit Marie. « Nous avons travaillé fort pendant longtemps pour s’assurer que les jeunes avaient une chaise à la table, que leurs voix étaient écoutées et que leurs droits étaient respectés. » Marie espère qu’en partageant son message et qu’en prenant avantage des médias sociaux et du « bouche-à-oreille », elle peut partager ces histoires.

Marie souligne le mérite d’Equitas pour l’avoir aidée à se développer personnellement au cours des dernières années. Grâce à sa participation dans les programmes de formation, elle a appris les précieux outils qu’elle utilise dans le cadre de son travail et elle apprécie le support bénéfique des membres du personnel d’Equitas. Marie croit que ces échanges individuels et cet appui représentent « la fondation d’un monde meilleur ». Grâce à Equitas, elle a également eu l’opportunité de participer et d’animer des conférences à l’international. Elle a trouvé ces expériences époustouflantes. Elle y a rencontré des éducatrices et éducateurs des droits humains et des activistes pour les droits humains de partout dans le monde, lui permettant de discuter des droits des enfants de façon plus large et profonde. De plus, elle a trouvé rafraîchissant d’apprendre sur des sujets autre que la protection de l’enfance.

Il est clair que le gouvernement provincial a confiance à Marie, puisque les fonds octroyés à Voices augmentent. D’autres organisations reconnaissent également les contributions de Marie. La célébration Femmes de Distinction de YMCA/YWCA 2016 a remis le prix de Champion-ne de la communauté à Marie et CBC Manitoba Future 40 ont nominé Marie pour ses contributions positives pour les Manitobaines et Manitobains. Marie a également reçu le prix de défenseuse des droits des enfants 2015-16 offert par la Coalition canadienne pour les droits des enfants. Lorsqu’elle réfléchit à son futur, Marie déclare « S’il y avait une autre problématique qui me touche autant que la cause des enfants pris en charge, je m’y attaquerai définitivement. » Pour le moment, elle reste dévouée aux jeunes pris en charge de Winnipeg et elles et ils ont de la chance de l’avoir.


MARIE CHRISTIAN – Winnipeg, Canada
Directrice des programmes, Voices: Manitoba’s Youth in Care Network, Winnipeg, Canada
Coordonnatrice locale du programme Jeunes Femmes, Jeunes Leaders d’Equitas depuis 2015
Coordonnatrice locale du programme Parlons droits d’Equitas, 2013-2016 Participante, Programme international de formation aux droits humains d’Equitas (PIFDH) 2009, Co-animatrice, PIFDH, 2013-2014

Billet rédigé par Anne Miller. www.annemiller.ca